Le masque de la mort rouge

En 1917, deux jeunes Américains de famille bourgeoise, Larry et Gray, partent pour le front comme brancardiers-volontaires. Très perturbé par le spectacle des atrocités de la Grande Guerre, Larry ne rentre pas chez lui, renonce à son mariage avec Isabel et reste à Paris. Pour aller plus près de la vraie vie, il devient mineur dans le nord de la France, puis fait un long voyage en Inde pour aller aux sources de la mystique. Il se transforme radicalement tandis qu’aux États-Unis, sa famille et ses amis subissent les Tchao Pantinbouleversements de la crise de 1929. La ruine, la maladie, les accidents frappent ce petit monde qui se retrouve à Paris. Larry tente de sauver Sophie, l’amie d’Isabel, devenue droguée et prostituée. Le pari de John Byrum, en adaptant une nouvelle fois le célèbre roman de Somerset Maugham, a été de confier le rôle principal à Bill Murray, habitué des emplois de clown (« Les bleus », « SOS fantômes »…). L’acteur s’y révèle un excellent interprète dramatique (un peu comme Coluche dans « Tchao Pantin ») et sa partenaire Theresa Russell (« Une nuit de réflexion ») est aussi remarquable.

Enfin, la reconstitution du Paris des années 20 est toujours convaincante, sans jamais tomber dans le ridicule… Il y a eu « La chute de la maison Usher » en 1960, « La chambre des tortures » (d’après « Le puits et le pendule ») en 1 961, « L’enterré vivant » en 1962, « L’empire de la terreur » (rassemblant trois nouvelles « Morella », « Le chat noir » et « L’étrange cas de Mr Valdemar ») en 1962, « Le corbeau » (librement adapté du poème) en 1963, « La malédiction d’Arkham » (plus Lovecraft que Poe) en 1963 et puis ce « Masque de la mort rouge » en 1964, immédiatement suivi du très étonnant « La tombe de Ligeia » en 1965 ! Déjà quelques uns de ces films sont disponibles en vidéocassettes. On attend avec impatience le jour où l’on pourra afficher « œuvres complètes ». Car la rencontre Edgar Poe-Roger Corman est un grand moment si l’on aime le cinéma fantastique. Corman, en écran large et couleur, donne à voir tout un univers d’arbres morts, de brumes, de rideaux cramoisis, de couloirs labyrinthiques, de cryptes poussiéreuses et de personnages dévorés par des folies intérieures tout droit surgies de chez Freud. Corman et ses opéras macabres, pleins de pulsions d’amour et de mort, vous assurent une belle visite guidée au pays du macabre et de l’inconscient !

« Le masque de la mort rouge » est — sinon la plus subtile — du moins la plus riche des adaptations de Poe par Corman. Le Prince Prospero — interprété par l’unique et inévitable Vincent Price — se retire dans son château pour fuir l’épidémie de mort rouge qui frappe la contrée. Derrière ses remparts, Prospero organise des fêtes sataniques où la cruauté et la mort sont de mise… Photographié par (le futur cinéaste) Nicholas Roeg, « Le masque de la mort rouge » offre quelques scènes visuellement grandioses : la fuite de Prospero à travers les sept salles de couleurs différentes, notamment. Un classique qui a su rester du vrai cinéma d’émotions et de divertissement.

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