Changement de saisons

Ben que typiquement américaine, cette comédie pourrait être basée sur le vieux proverbe bien de chez nous qui dit, élégamment, «changement d’herbage réjouit les veaux». C’est le couple parfait, la quarantaine, mais si jeune pour leur âge. Lui enseigne Shakespeare à l’université. Un jour il donne des cours très particuliers à l’une de ses ravissantes élèves. Il l’emmène en voyage d’études à Montréal. Alors sa madame légitime va en profiter pour demander au robuste et beau menuisier de passage dans la maison quelques formes de bricolage improvisé.Changement de saisons Pour qu’il y ait une situation il faudra bien sûr que le mari rentre à l’improviste et que tout le monde se retrouve pour des vacances à quatre dans le même chalet de montagne. Il faut des comédiens hors pair pour enlever cette sorte de quiproquos où les gens ne perdent jamais leur calme et discutent de tout avec humour au lieu de s’envoyer la vaisselle à la tête comme ils le feraient sans doute dans la réalité. Heureusement, ici, Shirley Mac Laine est superbe dans l’ironie blessée, le sourire au bord des larmes. D’ailleurs même sa rivale la trouve très sexy et elle a raison. C’est Bo Derek qui avait ici l’occasion de prouver qu’elle pouvait être autre chose qu’un bel objet décoratif. Entre les deux, le mari Anthony Hopkins est l’image même de la confusion. Il a à choisir entre deux femmes et aussi deux modes de vie : d’un côté une élégante Porsche où l’on s’ennuie en écoutant un concerto pour violon sur la stéréo, de l’autre un invraisemblable camion-caravane avec une sorte de maison en bois sur le toit où l’on rigole en bouffant des sandwiches géants. Alors il en vient à penser que la fidélité c’est vieux jeu, et l’on serait tenté de lui donner raison après avoir v1J dès le générique Bo Derek émerger nue de l’eau, au ralenti, et rejeter ses cheveux mouillés en arrière ! Mais sa femme, qui vient de passer vingt et un ans à repasser ses slips, taper ses textes et mijoter de bons petits plats, ne mérite-t-elle pas un meilleur sort? La morale aigre-douce de l’histoire est que, je cite «à quarante ans un homme est encore jeune, une femme ne l’est plus».

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